L’article 5 de la Constitution affirme que le Président de la République est le garant de d’indépendance nationale, de l’intégrité des territoires et du respect des traités. Il y a visiblement quelque temps que M. Macron ne l’a pas relu.
Au mois d’août, les révélations sur l’affaire Pegasus nous ont appris que les plus hauts responsables de l’Etat -y compris le Président- avaient vraisemblablement été victimes d’une intrusion de cyber-espionnage, apparemment menée depuis le Maroc avec un système fourni par une société israélienne proche de son propre gouvernement. Nous aurions pu espérer un minimum d’indignation et des explications de la part du chef de l’Etat. En d’autres temps, au lendemain de l’affaire Ben Barka, et bien que cette affaire n’ait mis en cause que des éléments subalternes des services français, le général de Gaulle n’avait pas mâché ses mots. Les relations avec le Maroc en avaient été durablement affectées, M. Macron a, lui, préféré le silence.
L’affaire des sous-marins dans laquelle les pressions des Etats-Unis ont conduit les dirigeants australiens à abandonner le contrat qu’ils avaient conclu il y a six ans avec la France, aurait, elle aussi, mérité une réaction un tant soit peu énergique. L’indignation -reconnaissons qu’elle a été à la mesure de cette affaire- a été fort bien exprimée par le ministre des Affaires étrangères, M. Le Drian. Mais l’on attendait avec impatience que le Président s’exprime lui-même. Des dizaines de milliards d’euros englouties dans les eaux désormais troubles du Pacifique, notre stratégie et notre autorité ruinées et ridiculisées aux yeux du monde entier et particulièrement des pays du Sud, cela aurait dû justifier des mesures de rétorsion un peu consistantes -pouvant aller d’ailleurs jusqu’au retrait du commandement intégré de l’OTAN, dont nous étions sortis, pour notre plus grand profit entre 1967 et 2009. Tout se termine en fait par un simple échange « au bout du fil » dans lequel MM. Macron et Biden estiment qu’il faudra à l’avenir des « consultations plus en amont » et «plus régulières» et par la promesse d’une rencontre en octobre, lors d’une visite de M. Biden non pas en France, mais « en Europe ». Trahie, la France devra se contenter d’un Munich téléphonique. Les milieux proches de l’Elysée louent la « responsabilité » de M. Macron qui ne s’exprimera pas, oubliant seulement que c’est devant les Français que le Président de la République est responsable.
M. Macron préfère visiblement se consacrer aux promesses électoralistes pré-présidentielles, domaine dans lequel il excelle. Les Marseillais, les policiers, les professions indépendantes, les Harkis, les chasseurs, il suffit visiblement de protester un peu pour être satisfaits.
En mars prochain, les Français seront appelés aux urnes. S’ils ont gardé un peu de fierté, ils choisiront un président autrement capable d’assumer l’Etat et de servir la France.